Arbitres : Quoi surveiller quant aux catégories 2

Par Michel M. Albert

C’est déjà assez complexe pour un arbitre d’évaluer une improvisation libre. Y a-t-il entraide et coopération ou refus et rudesse ? Est-ce que l’histoire fait du sens et avance au bon rythme ? Est-ce que les joueurs respectent les éléments techniques et exploitent le thème ? C’est déjà beaucoup à jongler. 

Quand l’impro a une catégorie NON-libre, on vient d’ajouter une complexité additionnelle, non seulement pour les joueurs qui doivent exploiter cette nouvelle contrainte/opportunité, mais pour l’arbitre qui doit aussi s’assurer que la catégorie est bien rendue. Voici donc ce que l’arbitre doit surveiller dans chacune. Première partie ici.

Musicale
Les joueurs doivent raisonnablement suivre le ton et le rythme de la musique tout au long de l’improvisation et ce, tout en créant une histoire. L’arbitre devrait être peu tolérant des improvisations de danse, sans histoire, qui peuvent résulter. La danse est une avenue facile pour la musicale et n’est pas le résultat cherché, du moins, pas sans un narratif clair. Règle générale, les joueurs doivent laisser la musique dicter leurs mouvements et leurs émotions, et ne pas s’attendre au contraire. Surveillez surtout les moments où la musique change de rythme ; est-ce que l’action a aussi subi un changement ? Bien qu’il n’est pas recommandé de parler ou faire des sons en musicale, ce n’est pas contre les règlements. L’arbitre devra juger si l’intervention était 1) intelligible (est-ce qu’on pouvait comprendre en-dessous de la musique ?) et 2) ne nous fait pas décrocher de la musique ni cause une interruption dérangeante au « flow » de la trame sonore.

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Poursuite
Dans la version classique de la poursuite, où la 2e impro suit vraiment la 1e du même point, il est important de respecter l’histoire, les personnages, les détails et le ton de la première improvisation. L’arbitre doit donc accorder décrochages, manques d’écoute et confusions comme si la même équipe avait joué les deux improvisations. Une deuxième impro qui commence du même point mais abandonne ce que ces personnages faisaient pour faire autre chose complètement peuvent se trouver en infraction. Même chose, un personnage ne peut pas soudainement avoir une différente attitude même s’il est incarné par un différent joueur. L’arbitre peut s’attendre à un certain montant de parodie de la part de la deuxième équipe, alors que les joueurs se moquent du style des premiers joueurs. C’est légal, mais l’arbitre devra s’assurer qu’on ne dépasse pas les bornes. Si un joueur en remplace un autre qui était en position neutre, ce joueur devra sortir de la position neutre au moins une fois pendant l’improvisation pour être considéré joueur (en cas de nombre limité de joueurs à respecter ; sinon, ce n’est pas vraiment un problème).

Dans la version renouvelée de la poursuite, où les équipes créent une « suite » qui ne se déroule pas du même point (ailleurs en même temps, quelque temps avant, très loin plus tard, d’un autre point de vue, etc.), l’arbitre devra juger si le lien entre les deux impros est assez fort et n’est pas, tout simplement, une improvisation qui suit le même thème, comme dans une comparée normale.

Quand le nombre de joueurs est illimité, la deuxième équipe peut faire entrer des joueurs au-delà de ceux qui sont remplacés sans problème. En cas de nombre limité de joueurs, si la première équipe enfreint ce nombre, la deuxième équipe doit le faire aussi (le joueur doit être remplacé). Cependant, seule la première équipe est passible de la punition nombre illégal de joueurs. Dans le cas d’une équipe qui ne possède pas un plein complément de joueurs (soit suite à une expulsion ou une absence), il est mal vu de faire entrer un nombre de joueurs impossible à remplacer (par exemple, faire entrer 6 joueurs quand l’autre équipe n’en a que 5). Le joueur manquant causera souvent une confusion intrinsèque à l’impro. La première équipe peut donc être pénalisée (nombre illégal de joueurs) pour cette bévue.

10322774_635915396482928_1015634281253404348_nRimée
Oui, vu la difficulté de la catégorie, l’arbitre peut être un peu plus flexible que d’habitude, mais il y a quand même certaines situations qui méritent d’être pénalisées. On ne peut pas tolérer, par exemple, les rimes insensées. Certains joueurs veulent rimer coûte que coûte, sans que leurs phrases fassent de sens, ce qui n’aide pas l’impro du tout. Ces joueurs sont passibles d’une confusion.

Sans limites ni frontières
En sans limites ni frontières, il arrive souvent que les joueurs aillent s’éparpiller à travers la salle, donc la confusion est facilement semée. Considérez que le public a de la difficulté à suivre une impro qui se passe à deux ou trois différents endroits, et punissez en conséquence.

Dans certaines ligues ou à certains tournois, les accessoires trouvés en dehors de l’arène ne peuvent pas être utilisés. Dans un tel cas, les joueurs n’ont accès qu’à l’espace (ce qui est fixe dans la salle). Dans le cas inverse, les joueurs ont accès aux accessoires trouvés en dehors de l’arène, voir même aux membres du public (qui ne seront pas nécessairement coopératifs). De tels accessoires peuvent être eux-mêmes, non comme l’accessoire de l’improvisation avec accessoire. Attention cependant, les joueurs ne devraient pas briser ni ces accessoires, ni la salle.

Un problème particulier quant à cette catégorie relève de l’équipement sonore. En effet, un joueur qui prend contrôle du micro ou de la musique possède un pouvoir que les autres n’ont pas, un pouvoir de contrôler l’impro à un degré trop élevé. Un tel joueur peut facilement se mériter une rudesse. Il est même recommandé de ne pas allouer ces accessoires, même si le reste est permis.

1510975_824422900965509_4989886320688567219_n-4Sans paroles
Bien que certaines onomatopées soient inscrites dans le dictionnaire, elles ne sont pas pour autant « paroles » et peuvent être permises en sans paroles. Par exemple, « ouf! » « ah! » ou « toc toc toc! » sont permises, mais les interjections telles que « miam! » ou « bof! » sont probablement trop artificielles pour l’être. À vous de juger. Ce qu’on appelle le « charabia » cependant est définitivement illégal ; les joueurs ne peuvent pas passer toute l’impro à se parler en langage non-sens (« blablabla » « bringbrongfloof »), ce qui serait très inintéressant pour le public, vous en conviendrez. On doit miser sur le mime et sur les sons. Car c’est important de bien exploiter les sons, ce n’est pas une sans sons et doit demeurer distincte de cette autre catégorie. Considérez-la une « mimée avec sons » et stressez l’importance d’exploiter sa dimension sonore.

Sans sons
Sans sons veut dire sans sons. Aussitôt qu’un joueur fait un son cherchant à véhiculer de l’information, il doit se mériter un non-respect de la catégorie. L’arbitre peut être moins sévère quant aux bruits involontaires comme, par exemple, une respiration forte due à de l’activité physique ardue ou le bruit normaux de ses pas. Si cependant, un joueur fait du tapage volontaire avec ses mains ou pieds, il sera puni.

Une confusion souvent commise en sans sons voit les joueurs essayer de se communiquer de l’information par charades : tapant l’autre joueur sur l’épaule et lui faisant des signes de sourds-muets pour qu’il comprenne une idée. De tels gestes, à la fois confus et ennuyeux pour le public, devraient être découragés. Une confusion peut être donnée avec l’explication suivante : que le but de la catégorie est de présenter du mime, ce que ce genre de communication vient entraver. Si une idée ne peut être véhiculée par le geste ou l’expression, elle n’est peut-être pas appropriée à la sans sons.

Alors à vos gazous, chers arbitres ! Vous êtes maintenant mieux prêts à juger des catégories que vous faites jouer pendant vos matchs !

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2 commentaires

  1. C’est probablement une coïncidence mais j’aime comment tous les arbitres dans les photos de la première partie sont des hommes et dans la deuxième partie ce ne sont que des femmes…

    Pourquoi vous vous demandez?
    Because it’s 2015!!

    Blague à part, merci pour ces conseils que les nouveaux comme les plus expérimentés devraient prendre la peine de lire et de relire. Ça aidera à mieux expliquer les punitions accordées!

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