Puller un…

Par Michel M. Albert

Un petit élément de chiac qu’on entend souvent en impro au Nouveau-Brunswick, c’est « Puller un… » habituellement suivi du nom d’un improvisateur ou d’une improvisatrice. C’est notre façon tordue de commémorer les comportements – bons et moins bons – des joueurs et officiels qui ont laissé une marque sur le littoral d’impro dans la province. Il y a habituellement une leçon à tirer de chaque « pull ». En voici quelques exemples…

988805_554035934670875_1897339506_n

PULLER UN ANN MARIE (d’après Ann Marie Bernier) : En arbitrant, montrer son irritation avec les punitions en garrochant des choses – souliers, bouteilles, sifflets, n’importe quoi à la portée de la main.

PULLER UN BASS (d’après Bass Levesque) : Être le seul joueur dans son équipe (soit réellement ou figurativement) et quand même gagner un match. Par extension, se rendre en finale dans la même situation.

PULLER UN BAUBLE (d’après Michael Plourde) : Mal lire un carton de thème, ou ne pas le lire assez fort, ou mal prononcer ses mots. Occasionne souvent un non-respect du thème tel qu’écrit.

PULLER UN CHOUINE (d’après Christian Chouinard) : Sous la fausse impression que le joueur adverse est meilleur que soi, pratiquement faire exprès pour perdre une impro. Un joueur qui pull un Chouine prendra toujours un rôle de soutien (voire même passif) face à un joueur auquel il se sent inférieur.

PULLER UN CYNTHIA BOUDREAU : En arbitrage, dire explicitement aux équipes avant un match que telle ou telle chose ne sera pas tolérée, puis négliger de punir ces choses. Effet net : personne ne prend l’arbitre en question au sérieux.

11091210_10155516485580341_204736650_n

PULLER UN DJ NATH  (d’après Nathalie Goguen) : En s’occupant de la musique, trouver la chanson parfaite pour suivre une improvisation, soit une chanson qui a le même thème.

PULLER UN GARS DE BATHURST (d’après des joueurs de Bathurst qui ont fait ceci dans la Ligue d’improvisation du Campus universitaire de Moncton) : Rentrer dans une improvisation « à la manière de » sans connaître la « manière », ou avec le but express de faire de la parodie. On dirait que le personnage est, par exemple, un « gars de Bathurst dans une tragédie grecque ». (Selon la provenance exacte du joueur en question, ou pourra dire Puller un gars d’Edmundston, de Bouctouche, etc.)

PULLER UN DÉDÉ (d’après André « Dédé » Paulin) : Ne pas être choisi pour quelque chose de gros, et par conséquent ne plus sentir qu’on a de la pression sur le dos, et donc commencer à exceller. Finalement, être choisi pour le quelque chose de gros.

PULLER UN ERIC BUTLER : Rester collé au banc pendant toute une finale par peur et intimidation. Aussi, se dit d’un joueur qui ne veut pas rentrer en 2ième période d’un match parce qu’il ne veut pas affecter le match « quand ça compte ».

PULLER UN FLOWER (d’après Martin « Flower » Latulipe) : Entrer dans une impro sans mettre pied à l’intérieur de la bande. Participer de l’extérieur. Par extension, n’importe quel geste d’impro qui démontre une ignorance naïve des règlements de base du jeu.

PULLER UN GERV (d’après Pascal Gervais) ou UN MARC DEGRÂCE : Sembler inoffensif dans une impro, mais quand même la gagner. Souvent, ce joueur se tient en retrait, backpunch, semble timide mais charme le public.

pull1

PULLER UN MIREILLE BLANCHARD : Faire savoir à son équipe qu’on ne comprend pas le caucus à la toute fin de celui-ci, soit par un gros « HEIN??? » ou autre mode de communication.

PULLER UN JOHNNY (d’après les premiers « exploits » de Jonathan Thibodeau) : Dire à tout le monde qu’on est un mauvais joueur, que l’on va faire perdre l’impro, qu’on est rien de bon ou pire, mais quand même rester dans l’équipe/ligue. Par ce fait même, déprimer les autres membres de son équipe et baisser leur niveau de jeu.

PULLER UN LUDGER BEAULIEU : Être en train d’écrire ses thèmes pendant le match.

PULLER UN MICHEL HÉDOU : Dans une impro où un joueur adverse t’empêche de parler, gagner l’impro en sortant une seule phrase à la fin.

PULLER UN NATHALIE LEVESQUE : S’évanouir pendant une impro. Par extension, faire semblant (ou avoir l’impression, par anxiété, etc.) que l’on a mal à quelque part qui nous empêcherait de jouer le prochain match.

PULLER UN PABLO MONTREUIL : Ce dit d’un joueur qui se met en danger physique pour obtenir des rires. Grimper des poteaux dans la salle, par exemple, ou se balancer d’un balcon. Souvent, il n’aura pas de rires, mais plutôt un public qui retient son souffle et n’apprécie pas la peur qu’on vient de lui donner.

pull2

PULLER UN POUT (d’après Daniel Ouellet) : Arriver à un match avec un personnage d’arbitre inusité, voire même costumé. Des fois c’est magique, des fois la gammique prend de la place et du temps pour rien. Savoir doser.

PULLER UN RIDEAU (d’après Robert Gauvin, mais on ne dira pas « puller un Robert Gauvin ») : En supplémentaire d’une finale (ou autre moment crucial), faire preuve d’originalité totale en faisant quelque chose de complètement inattendu. L’expression est basée sur l’histoire suivante : À la Coupe universitaire 1990 à l’UQAM, Moncton se retrouve en finale avec Ottawa. Ça se rend en supplémentaire. L’impro est une comparée sans limites ni frontières. Robert Gauvin pense à tirer un immense rideau de scène qui cache des sièges non-utilisés pour faire un punch, ne sachant pas si le rideau allait même bouger (c’était un risque). L’idée, c’est que personne jusqu’à ce moment-là avait pensé à utiliser les « accessoires » trouvés en dehors de l’arène, bien que c’était, à ce tournoi, parfaitement légal. La leçon : Il faut savoir surprendre !

Voilà, seulement quelques exemples. Si vous voulez y ajouter, il y a une section commentaire, mais souvenez-vous que c’est un jeu qui se veut amusant, pas méchant ! (D’ailleurs, la vaste majorité des personnes citées ci-haut ont éventuellement perdu les « comportements problématiques » pour lesquels elles étaient connues.)

Vous voulez écrire un article? Communiquez avec Isabel Goguen à improvisationnb@gmail.com!

14 commentaires

  1. Puller un Shotgun: Perdre sa voix tous les dimanches de tournoi! (Le dernier était sûrement l’exception à la règle…)

Répondre à Martin S Annuler la réponse